Selon une nouvelle carte, il est désormais « implanté » dans la moitié des départements français
Le moustique-tigre, une espèce capable de transmettre des maladies telles que la dengue, le chikungunya et le zika, poursuit sa progression en France. Gros plan sur cet insecte tropical qui semble désormais apprécier la douceur de nos contrées. En Belgique, il a été observé à cinq endroits différents l’été dernier…
La France, pays du camembert, du vin, de la baguette… mais aussi, désormais, du moustique-tigre ! Dans l’Hexagone, les passionnés de nature ne parlent d’ailleurs que de ça. Le moustique-tigre est « durablement installé » dans 51 départements en 2018 contre 42 un an plus tôt, a indiqué le ministère de la Santé ce lundi en mettant à jour la carte de son implantation depuis son apparition en France métropolitaine, en 2004.
Or, certains départements, où le moustique-tigre est implanté, sont très proches de la Belgique. Notamment l’Aisne. Cette espèce tropicale va-t-elle durablement s’installer dans nos contrées ?
Pour François Verheggen, professeur à Gembloux Agro-Bio Tech (ULiège), le moustique-tigre va « très certainement continuer à faire des percées » : « C’est une espèce en forte expansion à travers le monde depuis quelques décennies », nous explique-t-il. « Le transport et le stockage de vieux pneus dans lesquels il y a de l’eau stagnante est l’un des vecteurs principaux de cette propagation. En Europe, il est présent depuis les années 80. Les populations sont actives et capables de se multiplier. »
Les apparitions belges
En Belgique, le moustique-tigre est ponctuellement observé. Entre mai et septembre 2018, les scientifiques de l’Institut de médecine tropicale (IMT) ont repéré des moustiques-tigres sur cinq sites dans quatre provinces : en Flandre orientale, dans le Hainaut, en province de Namur et au Luxembourg.
Il faut noter que les scientifiques de l’IMT surveillent 23 sites à risque répartis sur tout le territoire, où il y a de fortes chances que des espèces exotiques puissent entrer.
« C’était un de nos doctorants qui a découvert à Anvers des moustiques-tigres dans une zone de stockage de pneus en 2013 », ajoute François Verheggen. « Le processus est simple. De l’eau importée contient des larves. Une fois arrivée à un endroit, en quelques jours, la larve devient moustique. »
Le réchauffement climatique et la multiplication des échanges internationaux favorisent l’expansion du territoire de cet insecte. Mais pour François Verheggen, l’hiver en Belgique est toutefois trop rude pour cette espèce. « On a un climat qui ne permet pas aux moustiques-tigres de tenir les douze mois de l’année », estime-t-il. « Mais des populations peuvent arriver de régions plus au sud. Et si elles arrivent au bon moment, elles peuvent être capables de générer une ou deux générations de moustiques. »
Transmetteur de virus
Si le moustique-tigre fait peur, c’est parce qu’il est capable de transmettre des maladies tropicales comme la dengue ou encore Zika.
« Pour qu’il y ait une épidémie, il faut le vecteur, mais aussi l’agent pathogène », explique François Verheggen. « Il faut donc qu’un malade revienne de contrées tropicales avec la maladie, qu’un moustique-tigre soit présent dans la zone du malade puis transmette le virus à une autre personne. Je ne dis pas que ça n’arrivera pas dans le sud de l’Europe où les populations de moustiques-tigres sont plus importantes. Mais en Belgique, les probabilités sont très minces. »