Il y a quelques années, treize races de chiens avaient été recensées comme dangereuses. Cette liste, qui avait été cassée par le Conseil d’État, laissait les communes choisir la manière dont elles voulaient gérer ces races. À Oupeye, et bientôt au-delà, on vient d’innover en créant une sorte de permis pour chiens dangereux.
À Oupeye, comme dans l’ensemble des communes de la zone de police de la Basse-Meuse (Bassenge, Blegny, Dalhem, Juprelle, Oupeye et Visé), les chiens ont ainsi été classés en trois catégories : les très dangereux, les dangereux et les autres (notre infographie). Les chiens de catégorie 1 étaient interdits et ceux de la catégorie 2 devaient être déclarés à la commune.
« Mais dans les faits, c’est difficile à contrôler», explique Serge Fillot, bourgmestre ff d’Oupeye. « On savait qu’il y avait des chiens de catégorie 1 qui se promenaient dans la commune de manière clandestine, mais il fallait pouvoir tomber dessus, presque par hasard». Et puis, il y a deux ans, le cas de Luna, une jeune american staff, a défrayé la chronique. Lors de son déménageant de Visé sur Oupeye, son propriétaire avait appris que son chien faisait partie des races interdites tant sur Visé qu’Oupeye. On lui demandait donc de s’en débarrasser ou de déménager à nouveau « C’est là que je me suis rendu compte de l’aberration du règlement. Non seulement Luna est tout ce qu’il y a de plus gentil, encore une fois ces chiens sont dangereux avant tout par la façon dont ils sont dressés, mais en plus elle était la preuve que ce règlement avait des failles. J’ai donc entamé une réflexion pour aborder le problème autrement».
Tous les chiens autorisés
Dorénavant, les chiens des catégories 1 et 2 sont autorisés. « Mais ils devront être déclarés à l’administration communale. De plus, leur propriétaire devra être en possession d’une sorte de permis. Il devra ainsi faire réaliser une analyse comportementale de son chien auprès d’un vétérinaire. Il devra aussi avoir une attestation délivrée par un centre de dressage, prouvant que le chien a suivi un cycle de dressage. Le propriétaire devra être en possession de ces deux documents à chaque fois qu’il sort avec son chien».
Maîtres violents exclus
La possession de ces chiens de catégories 1 et 2 reste toutefois interdite à certaines personnes. « Les gens qui sont connus pour des faits de violence ou de stupéfiants, par exemple, ne pourront pas posséder ces chiens. Parce qu’on sait tous qu’ils peuvent s’en servir comme d’une arme. Je préfère avoir des chiens de catégories 1 et 2, savoir où ils sont, savoir qu’ils sont gérés par des propriétaires responsabilisés et non dangereux, que d’avoir des chiens clandestins».
Voté jeudi soir par le conseil communal d’Oupeye, ce nouveau règlement de police sera prochainement adopté dans les cinq autres communes de la zone de police de la Basse-Meuse.
Et si le propriétaire ne respecte pas les règles, le chien pourra être saisi...
Lors du vote de ce nouveau règlement, il a été question de la manière dont il pourrait être contrôlé et des sanctions qui pourraient être appliquées. Gérard Rouffart, conseiller communal MR, s’en est ainsi inquiété : « A quoi s’expose le proprio ? D’après ce qui est mis dans ce règlement, c’est au maximum à une amende 350 euros », fait-il remarquer. « Partant du principe que ce chien est cher à l’achat, le détenteur payera l’amende et rien ne sera résolu. Ou alors, on se retrouvera avec une personne insolvable. Quid de la suite ? ». En réalité, hormis l’amende de 350 euros, le chien pourra également être saisi. « On garde en effet la possibilité de saisir le chien», répond le bourgmestre Serge Fillot. « Si une personne qui ne peut pas en posséder un, en a un malgré tout, on le saisira. Si un chien autorisé se montre dangereux, on le saisira. Et si une personne s’entête à ne pas déclarer son chien ou à ne pas remplir les différentes formalités, là aussi on le saisira. Même si le chien n’est pas dangereux». (La Meuse Liège de ce jour)